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Atelier de restauration de meubles (marqueterie, bois massif, Boulle) XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles - Expertise
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15 octobre 2009

Conservation et restauration des meubles et objets d'art

Première règle d'or, l'amateur devrait impérativement s'adresser à un professionnel lorsqu'il se trouve face à un objet ayant subi les outrages du temps. En voulant obliger les particuliers à faire appel à un restaurateur, il ne s'agit pas de développer un protectionnisme primaire à l'égard d'artisans - dont certains sont malheureusement en voie de disparition - mais plutôt d'une forme de civisme envers le patrimoine historique dont nous sommes les détenteurs.

Si les interventions les plus lourdes sont en règle générale toujours confiées à un spécialiste, il arrive que l'on se dise : "Finalement, je suis bon bricoleur, j'y arriverai bien tout seul." C'est généralement là que les ennuis commencent. Il n'est certes pas impossible pour un simple particulier d'intervenir sur un meuble ; mais il existe beaucoup de précautions à prendre. Si elles ne sont pas respectées, les résultats peuvent être catastrophiques. Le domaine où le particulier sera le plus à même de se montrer efficace est certainement celui de la prévention et de la lutte contre les causes de dégradation du mobilier. On s'évitera également bien des déboires si l'on respecte certaines règles d'entretien

PREVENIR LES DEGRADATIONS ET LUTTER CONTRE LEURS CAUSES

Deux grands coupables dans ce domaine : l'atmosphère et les insectes.

LES CAUSES ATMOSPHÉRIQUES
Si votre commode en marqueterie présente des signes de fatigue, il y a fort à parier que vous l'avez placée soit en plein courant d'air, soit près d'une source de chaleur. La marqueterie et les placages sont extrêmement sensibles : ils peuvent subir des décollements, des déformations, des fentes ou des déchirures. Sur la marqueterie de type Boulle, les effets sont catastrophiques et les décollements sont spectaculaires. Le bois doré est également très fragile à cet égard. Mais les meubles en bois naturel réagissent aussi aux variations atmosphériques et hygrométriques. Deux phénomènes sont en cause :
•Le retrait des bois : on le soupçonnera si on perçoit des craquements sinistres, plus ou moins sonores. Dans le pire des cas, le panneau touché peut s'ouvrir d'un seul coup ou même se déchirer. On observe parfois ces accidents sur des dessus de commodes ou de buffets.
• Le gauchissement provoque des déformations : les portes et les abattants se voilent, ne ferment plus ...
Comment prévenir ces dommages ? Tout d'abord en mesurant le taux d'hygrométrie : le taux d'humidité de l'air doit se situer entre 50 et 60%, la température entre 15 et 20°. On mesure ce taux à l'aide d'un hygromètre à cheveu, disponible chez l'opticien. Il faut ensuite se préoccuper du chauffage des pièces. En effet, le chauffage central dessèche l'atmosphère, surtout en cas de chauffage par le sol. Le chauffage électrique, lui, «brûle» l'air. On veillera à humidifier l'atmosphère à l'aide de saturateurs qu'on remplira d'eau tous les jours en période de chauffage. Dans certains cas, l'humidificateur est indispensable : il est très eficace. D'ailleurs, les bibliothèques et musées en sont tous équipés.
Autre cause naturelle de dégradation des meubles : les rayons du soleil et de la lune qui provoquent des décolorations, détériorent les vernis et attaquent le bois. Les rayons ultra-violets causent environ 40% du défraîchissement. Les infra-rouges sont responsables à 25%, la lumière à 25% et la pollution à 10%.
Un seul remède à ces dommages : les films de protection anti-ultra violets que l'on appliquera sur les vitrages. Ces films réduisent de 99% l'effet des rayons.

LES INSECTES
Ennemis jurés des meubles, les insectes amateurs d'art sont principalement le capricorne des maisons, le lyctus, la petite vrillette et la grosse vrillette. La plupart du temps, c'est la larve qui est responsable des dégâts car elle se nourrit du bois en le rongeant. Certains dégâts peuvent être spectaculaires, et ils n'épargnent aucun type de meuble.
Le capricorne des maisons est le plus gros de ces insectes. Il fait autant de bruit qu'une souris et est doté de mâchoires exceptionnelles, ce qui lui permet de s'attaquer même à la marqueterie Boulle. Il aime la chaleur et appréciera donc particulièrement le chauffage central. Il s'attaque principalement aux essences résineuses. En plus de son bruit caractéristique, le capricorne signale sa présence par son trou de sortie qui a le diamètre d'un crayon !
Le lyctus exerce ses talents toute l'année. Sa larve met à peu près un an pour passer à l'état adulte. Il se développera plus rapidement dans des locaux chauffés. Il a une préférence pour les feuillus : chêne, frêne, noyer, orme ...
La petite vrillette est l'insecte le plus répandu dans les objets d'art. Ses larves vivent entre deux et quatre ans. Adulte, elle se rencontre entre mai et septembre. Si la température est supérieure à 17°C, son rayon d'action est réduit car elle ne se déplace qu'en marchant. Mais s'il fait plus chaud, elle s'envole et peut alors infester tout le mobilier de la maison ! Elle n'est pas difficile et s'attaque aussi bien aux résineux qu'aux feuillus, toujours dans l'aubier. La grosse vrillette mesure environ 11 mm. Sa larve ne peut évoluer qu'en atmosphère très humide : c'est pourquoi on la retrouve souvent dans les résidences secondaires qui restent longtemps inoccupées. Mais attention : elle continue à se développer une fois le taux d'humidité redevenu normal.

Le traitement préventif
Ce type de traitement devra impérativement être pratiqué avant le printemps, avant que l'insecte ne ponde. Les produits (xylophène ou Fongix) seront passés en deux couches. On renouvèlera l'opération deux ans de suite, puis tous les trois ans. Attention : on ne traitera pas de la même manière les meubles de menuiserie et les meubles d'ébénisterie.
Les meubles de menuiserie seront badigeonnés au pinceau, sur les intérieurs et le dessous. On procèdera toujours à petit test avant de traiter les extérieurs.
Les meubles d'ébénisterie seront traités à l'intérieur. Pour les extérieurs, on se limitera aux arrières et les dessous non plaqués et non vernis. Attention aux coulures qui risquent de tacher. On les essuiera rapidement avec un chiffon propre.
Quant aux meubles dorés, ils exigent des précautions extrêmes : en effet, la migration du badigeon risque de provoquer le décollement des apprêts.

Les traitements curatifs sont à réserver aux professionnels
En curatif, le restaurateur peut aujourd'hui utiliser deux produits au choix : le Xylophène et le Fongix V33. Ils ont aussi une action préventive sur les insectes adultes. Ces produits sont à manipuler avec beaucoup de précautions et seront donc réservés aux professionnels.
Il existe un traitement curatif à 100% : la fumigation . Très efficace, ce procédé consiste à traiter le meuble placé dans un autoclave. On y injecte un gaz qui désinfecte à cœur. Ce procédé permet de traiter sans aucune inquiétude pratiquement n'importe quel objet, car on adapte le gaz utilisé à la nature de l'objet.
Une fois la fumigation effectuée, on effectuera un traitement préventif complémentaire afin d'obtenir une protection complète.

REGLES D'OR POUR LA CONSERVATION DU MOBILIER

  • Maintenez impérativement un taux d'humidité entre 50 et 60%. Pour le mesurer, utilisez un hygromètre à cheveu.
  • Pour humidifier l'atmosphère, deux solutions : le saturateur de radiateur ou le ventilateur d'hygrométrie.
  • Protégez les meubles anciens des rayons ultra-violets en collant aux vitres des fenêtres des films invisibles anti-UV.
  • La poussière s'élimine au plumeau anti-statique ou au chiffon doux. Jamais de produit en bombe.
  • Les meubles cirés ne seront traités qu'une fois par an, exclusivement avec une cire en pâte naturelle.
  • On n'applique aucun produit d'entretien sur les vernis.
  • Pour éliminer la poussière des cadres en bois doré, ne jamais utiliser de chiffon, mais un plumeau antistatique.
  • Ne jamais nettoyer au produit à vitres les miroirs encadrés de bois doré : les coulures seraient fatales à la dorure.
  • Pour nettoyer ces miroirs à fond, les décrocher et les nettoyer à l'horizontale. Si c'est impossible, les frotter doucement avec un papier journal imbibé d'alcool.
  • Les bronzes seront seulement époussetés.

meuble

ENTRETIEN

Il n'y a pas de secret, l'entretien d'un objet d'art demande une grande attention de la part de son propriétaire. Il ne doit jamais oublier qu'il n'est pas en présence d'un simple meuble utilitaire mais bien du témoignage des arts décoratifs du passé. Propriétaire d'une partie du patrimoine historique mondial, il se doit d'appliquer des méthodes d'entretien sans risque afin d'assurer la pérennité de ces objets rares.

LES MEUBLES CIRES


Ils sont la plupart du temps en bois naturel, généralement fruitier (noyer, merisier) mais aussi châtaignier, chêne, orme, hêtre, etc.
• Comment les reconnaître ?
On remarquera une certaine épaisseur. La texture est douce, chaude et agréable. Au toucher, on a une sensation légèrement collante, moins lisse qu'avec un vernis. Sur une finition à la cire, le doigt accroche légèrement et produit un petit bruit.
Une règle d'or : la lutte contre la poussière. Cette guerre se mène exclusivement à coups de plumeau antistatique de préférence ou à la rigueur de chiffon. En effet, le chiffon traditionnel a tendance à ramasser la poussière, qui se redépose au moment où l'on fait briller. Pour cette dernière opération, on utilisera un chiffon propre à trame fine (chaussette fine ou chiffon à poussière). Le premier secret de la réussite, c'est "l'huile de coude" ! A la fin de l'opération, on frotte de moins en moins fort et on regarde apparaître le brillant. Pour les moulures et les sculptures, on utilisera une brosse en plume d'oie.
Les meubles en bois naturels finis à la cire ne seront cirés qu'une fois par an, sauf incident d'humidité ou de grande sécheresse. On utilisera exclusivement une cire d'abeille et de térébenthine, en évitant absolument tout produit à base de silicone.

• Comment éliminer les salissures ?
Un grand classique : la popote pour meubles cirés. Dans le cas d'un meuble très sale ou très taché, on utilisera préalablement un décireur en respectant toutes les précautions d'emploi. On proscrira la paille de fer ou la laine d'acier. L'idéal étant d'utiliser le crin animal.
En cas de tache d'eau, on essuiera très vite. Souvent, si l'on frotte fort avec un simple chiffon, on parvient à faire disparaître la tache. Si elle est récalcitrante, on utilisera de la cire fraîche. Si l'accident est plus grave (vase qui fui) et la tache plus profonde, on pourra utiliser le sèche-cheveux qui permet de ramollir la cire. On frotte la tache sous le sèche -cheveux : cela permet de répartir la cire et de faire disparaître la tache. On peut aussi utiliser la technique du bouchon de liège que l'on frottera dans le sens du bois.
Quant aux taches de gras, elles n'ont guère qu'un remède : la terre de Sommières.

LES MEUBLES VERNIS

• Comment les reconnaître ?
A l'œil, on a une impression un peu froide. Au toucher, on a une sensation lisse et pure. Le doigt glisse sur le vernis. Le vernis se passe suivant les étapes que voici :
• Comment les entretenir ?
Pour la poussière, on l'éliminera au plumeau plutôt qu'au chiffon. Pour faire briller, on évitera tout produit en bombe. On ne cirera jamais un vernis.
Les taches d'eau superficielles s'élimineront à l'aide d'un produit appelé Nicko dont on imbibera modérément un coton passé en rond. Puis on essuiera avec un autre coton. Pour les taches d'eau profondes, il n'y a malheureusement pas grand-chose à faire. Pour les taches de gras, la terre de Sommières est le seul remède. Pour les salissures, on utilisera soit le nicko, soit la popote, soit l'eau japonaise.

LE BOIS DORE
Premier impératif : veiller aux variations hygrométriques et aux écarts de température. La poussière s'élimine au plumeau antistatique et pas au chiffon. On n'utilisera jamais de produit en bombe pour nettoyer un miroir entouré d'un cadre en bois doré. En effet, les coulures provoqueraient des traces indélébiles. En cas de vitre ou de miroir très sale, on décrochera le cadre et on nettoiera le verre à l'horizontale à l'aide d'un papier journal imbibé d'alcool à 90°. Attention : ne jamais mettre un baromètre à l'horizontale !

LES MARBRES
La poussière s'ôte au chiffon. Pour faire briller, on utilisera la cire d'abeille naturelle brute afin de nourrir le marbre. Les salissures s'élimineront éventuellement à l'acétone, qu'on utilisera avec beaucoup de prudense car ses émanations sont nocives. Les taches s'élimineront en frottant avec de la laine d'accier très fine soit à sec, soit avec de la popote.

LES BRONZES
En réalité, le vernis est plus fragile que le bronze lui-même. Pour en conserver l'éclat, on passera régulièrement un chiffon doux. Il faut savoir qu'un bronze d'ameublement ne peut pas être entièrement nettoyé sans être démonté. Que le bronze soit doré ou vernis, on peut le nettoyer à l'eau savonneuse (savon de Marseille) chaude, on rince puis on sèche dans de la sciure de sapin.

LES CUIRS
Pour l'entretien, on utilisera une "Crème nourricière pour cuir" qui assouplit et entretient. Elle a également le mérite d'atténuer les griffures et les rayures. Enfin, pour le nettoyage, on restera très prudent et on effectuera des essais avant toute opération. On peut utiliser sans crainte le "Lait nettoyant nourrissant". Pour les taches d'encre, pas de remède miracle. Les taches d'eau s'atténuent très bien à la crème ou la a cire. La terre de Sommières est souveraine pour les taches grasses. Quant aux déchirures, elles se recolleront exclusivement à la colle à bois (colle blanche) ou à la colle de peau qui ne tache pas les vernis. On aura soin d'éliminer l'excédent au chiffon.

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